LE FORT SAINT JEAN

Le fort Saint-Jean à Marseille :

Histoire d’un gardien du Vieux-Port à travers les siècles

Introduction

Érigé à l’entrée du Vieux-Port, le fort Saint-Jean fait partie intégrante du paysage marseillais. Visible depuis la mer comme depuis la ville, il intrigue autant qu’il impressionne. Témoin silencieux des grands bouleversements de l’Histoire, il a vu passer les bateaux phocéens, les soldats de Louis XIV, les canons de la Révolution, les bombardements de la Seconde Guerre mondiale… jusqu’à devenir, aujourd’hui, un lieu de culture intégré au MuCEM.

Mais connaissez-vous vraiment l’histoire de ce monument emblématique ? Construit pour surveiller Marseille autant que pour la défendre, le fort Saint-Jean a traversé les siècles en se réinventant sans cesse. Derrière ses remparts se cachent des récits de pouvoir, de révolte, de guerre, mais aussi de renaissance.

Dans cet article, je vous propose un voyage à travers le temps, à la découverte de ce lieu chargé de mémoire, sentinelle de pierre au cœur du patrimoine marseillais.

Un emplacement stratégique depuis l’Antiquité

Bien avant la construction du fort, le promontoire sur lequel il s’élève servait déjà de point de surveillance naturel. Situé à l’entrée du port antique de Lacydon, il offrait une vue imprenable sur la rade et les activités commerciales de la cité phocéenne.

Les Grecs, puis les Romains, utilisèrent ce site stratégique pour surveiller les mouvements maritimes et protéger leurs intérêts à Marseille. Des vestiges antiques retrouvés aux abords du fort attestent de cette occupation millénaire.

La construction du fort Saint-Jean au XVIIe siècle

C’est en 1660 que tout change. Après une révolte des Marseillais contre le pouvoir royal, Louis XIV ordonne la construction de deux forts destinés à surveiller la ville : le fort Saint-Nicolas sur la rive sud, et le fort Saint-Jean sur la rive nord du port.

Le roi ne cherche pas tant à protéger Marseille contre des ennemis extérieurs qu’à la tenir sous contrôle. Il construit Le Fort Saint Jean sur les ruines de l’ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, d’où il tire son nom.

La tour carrée, bâtie en 1664, domine le port et affirme l’autorité royale. L’ensemble est conçu comme un instrument de pouvoir : ses canons ne sont pas tournés vers la mer, mais vers la ville elle-même.

Le fort Saint-Jean au fil des conflits (XVIIIe – XIXe)

Pendant la Révolution française, le fort devient un symbole à renverser. Les sans-culottes l’investissent, puis il est converti en prison. Des témoins de cette époque racontent que les geôles étaient insalubres et surpeuplées.

Au XIXe siècle, le fort perd peu à peu sa fonction militaire. Il devient un entrepôt, un magasin d’armes, puis un dépôt de munitions. Son rôle est alors plus logistique que stratégique.

Le fort Saint-Jean pendant la Seconde Guerre mondiale

Occupé par les Allemands dès 1942, le fort Saint-Jean est transformé en base de défense côtière. Il est fortement endommagé par une explosion en août 1944, lors de la libération de Marseille. Ce drame coûte la vie à plusieurs soldats et civils.

La structure du fort est alors très abîmée, et pendant plusieurs décennies, il tombe peu à peu dans l’oubli, livré aux herbes folles et à l’érosion du temps.

Renaissance patrimoniale et intégration au MuCEM

Le tournant arrive dans les années 1960 : le fort Saint-Jean est classé monument historique en 1964. Il faudra pourtant attendre le début du XXIe siècle pour que de véritables travaux de restauration soient engagés.

En 2013, Marseille devient Capitale européenne de la culture. Le fort Saint-Jean est alors intégré au parcours du tout nouveau MuCEM (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée). Une passerelle spectaculaire relie le fort à l’architecture contemporaine du musée, tissant un lien entre mémoire et modernité.

Le fort est restauré avec soin : jardins méditerranéens, belvédères, salles d’expositions. Il devient un lieu de promenade autant qu’un site culturel.

Visiter le fort Saint-Jean aujourd’hui

Aujourd’hui, le fort Saint-Jean est librement accessible au public. Vous pouvez vous y promener, admirer la vue sur la rade, le port et la basilique Notre-Dame de la Garde. Les jardins suspendus, les anciens bastions et les galeries d’exposition offrent une expérience riche, entre détente et découverte.

On peut y accéder depuis le MuCEM, par la passerelle du port, ou par le quartier du Panier. Des visites guidées sont proposées pour ceux qui souhaitent approfondir l’aspect historique et militaire du site.

Anecdotes et secrets du fort Saint-Jean

• Une ancienne chapelle, la tour du roi René, date du XVe siècle.
• Des souterrains existeraient encore sous le fort, vestiges des passages militaires.
• Il aurait servi de lieu d’emprisonnement pour certains révolutionnaires avant leur exécution.
• Une légende veut que le fort abrite un trésor caché, jamais retrouvé.

Conclusion

De poste de défense royal à lieu de culture ouvert sur le monde, le fort Saint-Jean incarne à lui seul toute la richesse historique de Marseille. À travers ses pierres, ses bastions et ses passerelles, il raconte une ville qui a toujours su se relever, s’adapter et rayonner. Visiter ce monument, c’est plonger dans plus de trois siècles d’histoire, au cœur d’un patrimoine méditerranéen vivant.

Aujourd’hui, intégré au parcours du MuCEM, il offre l’un des plus beaux panoramas sur la rade de Marseille, tout en permettant de renouer avec un passé parfois oublié. Que l’on soit passionné d’histoire, amateur de belles vues ou simple curieux, le fort Saint-Jean mérite amplement qu’on prenne le temps de le découvrir.

Et vous, avez-vous déjà franchi les remparts de ce gardien du Vieux-Port ? Partagez vos impressions ou vos anecdotes en commentaire ! Et si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le faire connaître autour de vous.